Les Lames du Cardinal
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Un jour ! Toujours !

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Message par Narrateur Mar 21 Juin - 20:41

Cette devise est celle des lames du Cardinal.
Elle est gravée dans le contrecœur de l'âtre de l'immense cheminée, où rôtissent quelques poulardes et un généreux cochon de lait.
La chaleur, et surtout les odeurs, se diffusent paresseusement dans toutes la salle aux dimensions bien moins spectaculaires que celles de la somptueuse salle de réception située au premier étage du bâtiment. Le plafond bas aux poutres apparentes, les candélabres aux multiples bougies, et les murs presque tous à nus donnent plus l'impression d'être dans une taverne qu'au château de Chevry, l'un des des plus méconnus hôtels particuliers de Paris.

Quoiqu'il en soit, sous la recommandation de votre capitaine, Arnaud de Laincourt, c'est dans cette salle du logis des serviteurs, que vous êtes attablés sur des bancs, et partagez un copieux diner préparé par Madame Deleuze, l'intendante du château.

Cette veuve, proche de la quarantaine, est peut-être autoritaire, mais sa capacité à anticiper vos besoins est tout à fait spectaculaire. Et puis, sa science des épices place sa cuisine parmi les meilleures qu'il vous ait été donné de gouter.
Ses deux fils, jumeaux de 13 ans, Ellis et Elloi vous servent et suivant méticuleusement les recommandations de leur mère et d'André, le domestique au visage marqué sur toute la partie gauche par le souvenir d'un incendie, il y a une dizaine d'année ...
Maréchal, le dragonnet de Laincourt, est posé sur le linteau de la cheminée. Son regard avide ne se détourne pas du porcelet ...
Voila plusieurs mois que vous portez votre chevalière et vous venez de réaliser que c'est la première occasion où toutes les lames du cardinal sont réunis en même temps à l'hôtel du Chevry.
Vous avez certes déjà converser ensemble, et l'entrainement de vos compétences devient bien plus intéressant à plusieurs. Et Mazarin vous a déjà demandé d'escorter un notable ou de procéder à l'arrestation d'un malandrin.
Grâce à cela, se forgent dans votre jeune compagnie, des liens dont le respect est le ciment. Laincourt veille particulièrement à cette unité, qui, selon lui est l'arme la plus efficace contre la Griffe Noire.
Nous sommes le vingtième jour de février de l'année seize-cent-quarante-trois.
Quatre d'entre vous rentrent d'une mission à Saint-Bonnet (Le soir même de votre convocation au Palais Cardinal).
Quant aux deux autres compères, ils ont enquêté sur l'étrange testament de la défunte Reine-Mère. En effet, emporté par une fièvre il y  a deux semaines, Marie de Médicis, Mère du Roy,  a effectivement cédé le château du Luxembourg, au sud de Paris, à son fils cadet, Gaston de France, duc d'Orléans et, à ce jour, en exil en Lorraine ...

Mais pour l'heure, profitez de cette soirée pour mieux vous connaitre, et, pourquoi pas, narrer à ceux qui n'y étaient pas votre périple dans les Alpes ...
N'est-ce pas autour d'un bon repas que naissent les légendes ?
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Message par Narrateur Mar 28 Juin - 20:36

Alors que Madame Deleuze empêche une nouvelle fois Maréchal de s'envoler avec un morceau de cochon grillé, Rodrik, votre garçon de cour, fait son entrée dans la pièce.
Le regard perdu devant lui, la tignasse ébène comme du crin de sanglier, ce gentil colosse n'est à l'aise qu'avec les chevaux que vous lui confiez en arrivant au château. Certains d'entre vous l'ont même déjà entendu fredonner d'une voix mélodieuse quelques aires populaires alors qu'il se croyait seul avec ses bêtes.
Cette fois-ci, point de chanson. Il s'avance vers Laincourt et lui souffle quelques mots à l'oreille. Le capitaine se lève, et, en remerciant Rodrik, vous annonce l'arrivée du Comte de Rochefort.

Ce dernier n'attend pas d'être annoncé plus officiellement et entre à son tour dans la grande pièce au plafond bas.
Il hoche la tête en direction de Laincourt, mais ne daigne ni vous saluer ni ôter cape, manteau ou gants, quand bien même madame Deleuze lui propose de prendre soin de ses effets. Vous espérez secrètement que la chaleur de la cheminée lui fasse regretter cette impolitesse, mais vous doutez qu'aucune flamme, qui ne soit pas infernale, parvienne un jour à chauffer cette âme glaciale.
Habillé d'un noir profond, on ne distingue que son austère visage ridé. La blancheur de sa moustache accentue l'aspect cadavérique du personnage.
Rochefort dit alors :


" Nous avons découvert le nom de la vieille noble que vous exécutâtes au château de Lesdiguières. Eglantine Chanteclair, Comtesse de Tourny. Elle était la veuve du Baron de Brioude, mort il y plus de vingt ans dans des circonstances troublantes.
Elle était attendue au palais du Luxembourg par Franck Laplace, un homme de la maison de Gaston de France ...
On soupçonne ce Laplace d'être l'amant de la vieille harpie depuis une année, date à laquelle la Tourny était en villégiature chez sa nièce en Lorraine, Mathilde de Rémily.
C'est étonnant combien de Lorrains sont en ce moment à Paris, ne trouvez-vous pas ? Rémily a récemment pris quartier au palais de Chevreuse ...
Quoiqu'il en soit, je venais vous délivrer l'identité de votre victime. J'espère que votre satisfaction sera à la hauteur des espoirs que place le Cardinal en vous ...
Je dois maintenant m’enquérir d'affaires d'Etat. Je connais le chemin, ne vous donnez pas cette peine .... Comme vous en avez pris l'habitude.
"




Son départ est aussi abrupt que son arrivée. Laincourt, qui n'a pas pris le temps, ou n'a pas eu l'impolitesse de se rassoir, fait quelques pas en direction de la cheminée. Absorbé par ses pensées, il reste là, debout, à fixer les flammes qui dansent joyeusement dans l'âtre.
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Message par Baron Aimery de Fontenoy Mer 29 Juin - 17:44

Pour rompre ce silence gênant, Aimery se fend d'un commentaire d'un ton qui se veut badin:
"Comme quoi on a tort de penser qu'être gentilhomme est affaire de courtoisie; un gardien du Châtelet aurait été aussi avenant et à peine moins éloquent. Mais pardi, laissons-la l'étude de cet odieux comportement et attelons-nous à analyser les dires de ce triste-sire: l'information la plus importante est sans doute que le Comte nous signifie que nous ne sommes qu'une des nombreuses cartes dont a usage le Cardinal..."


Il poursuit, en se servant une coupe de vin et tendant la bouteille à qui veut la saisir: "J'ai la légère impression qu'il y a de la tension dans l'air entre Rochefort et les Lames qui nous ont précédé... Capitaine, vous auriez l'amabilité d'éclairer notre lanterne à ce sujet?"


Toutefois, avant que Laincourt ne se décide à commenter tout ceci, le baron enchaine:
"Doit-on derrière cette provocation à peine voilée une future mission qui nous sera confiée? A nous d'investir la cour de la Chevreuse? D'enquêter sur ces Lorrains? Par ou commence-t'on capitaine: ce Laplace ou cette Rémily? Un mot de votre part et nous nous ébranlons. Vous le savez, j'ai mes entrées chez cette dame de ... qualité."


Il s'essuie la bouche doucement, se lève, a un geste complice envers Eloi, réajuste son feutre pour qu'il nimbe de ténèbres une partie de son visage, et lance une dernière tirade, d'une voix sévère:
"Sans vouloir faire écho à ce noir corbeau, un dernier mot toutefois, Jean-Paul, Inigo, compagnons: la prochaine fois, évitez de cribler de plombs  la principale conjurée..."
Puis il relève son chapeau et laisse apercevoir le sourire resplendissant et son regard amusé "... et j'éviterai de passer par le fil de l'épée le principal conjuré moi aussi!" Il enchaine avec un rire franc et tend son verre vers les autres Lames les invitant à trinquer et rire avec lui: "c'est vrai que l'on a eu une sacrée guigne ce jour-là!"
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Message par Inigo Alatriste Mer 29 Juin - 20:10

Inigo s'avance, se sert un verre de vin, et d'un air emprunt de colère dira: 
"La vieille n'a eu que son dû, et cela lui évite de souffrir mille tourment qu'elle aurait mérités de son vivant... C'est presque une faveur que je lui ai faite"

Puis son visage s’égaiera: 
"Allons mes amis, oublions tout ces nobles dissolus, et profitons des bonnes choses de la vie. Carpe Diem !"

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Message par Narrateur Mer 29 Juin - 20:29

Arnaud de Laincourt sort de sa contemplation.

" Heureusement que tous les nobles ne soient pas si pervertis. Et gardez-vous bien de l'influence des dragons ; elle corrompt le cœur du plus vulgaire roturier aussi aisément que celui des nobles aux prestigieuses lignées. La force de caractère est la seule vraie valeur qui compte dans cette lutte. Et je sais qu'ici, devant moi, se tiennent des hommes dont cette volonté ne fera pas défaut, quelle que soit vos origines. Je bois à cela ! Santé !

Maintenant, veuillez m'excusez, mais je vais devoir m'occuper d'une affaire urgente. Je vous retrouve plus tard. Madame Deleuze, mes affaires s'il vous plait."


En reprenant sa cape et ses gants, il vous gratifie d'un sourire avenant et tape sur l'épaule de Jean-Paul en passant derrière lui.
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Message par Baron Aimery de Fontenoy Jeu 30 Juin - 18:39

Après avoir levé et vidé son verre au signal d'Inigo, les joues rosies, Aimery lance:
"Je présume que notre ami hidalgo n'affirmait pas que tous les nobles étaient dissolus, mais bien "ces" nobles croisés sur les terres de Lesdiguères... Certains gentilshommes ont encore à cœur de se préserver de toute entorse morale et sont prêts à défendre leur honneur s'il venait à être remis en cause. C'est ainsi en tout cas que j'ai été élevé.
Inutile de préciser que je considère nullement votre estocade comme étant dirigée envers ma personne et j'ose croire que ma fréquentation vous permettra de considérer d'un œil bienveillant la fine fleur Française."

Il tend sa coupe remplie une nouvelle fois vers la Lame ibérique:
"J'aime à croire que ce feu qui vous étreint fut allumé par de vils individus et que votre rancœur a pris source dans quelque injustice initié par... un sang-bleu?  Français? Espagnol? J'ai cru comprendre que vous servîtes un roi, enrôlé dans l'armée... mais jamais vous n'avez pris la peine de nous raconter ce qui vous a fait quitter l'habit militaire... ni ce qui vous a fait rallier la cour de France. Peut être que ces quelques mois passés à croiser le fer côte à côte et à chevaucher de concert n'ont pas encore scellé une confiance mutuelle et que vous n'avez pas envie de nous entretenir à ce sujet; ne vous en déplaise, sachez que vous trouverez toujours en ma personne une oreille prête à vous écouter."
Il vide son verre et le remplit derechef.


"J'étends évidemment l'invitation à toutes les Lames: j'aimerais assez entendre vos histoires passées; faits d'armes, conquêtes galantes... voire votre rencontre avec notre Capitaine et ce qui a valu que vous fussiez recrutés."
Regard amusé à la cantonade...
"Autant profiter de ces dernières heures de répit pour faire un brin de conversation; il y a fort à parier que Laincourt nous mette d'ici peu à contribution..."
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